Actualité agro-alimentaire

« Nous voulons lutter contre le gaspillage mais aussi redonner aux consommateurs des produits ultra frais et ultra bons »

Camille Ernould et Jérémie Delbart, les fondateurs de TOMOGROW, pouvez-vous nous décrire votre parcours ainsi que votre projet ?

Camille : je suis ingénieure agronome spécialisée en marketing et communication. J’ai eu une première expérience dans une PME où je faisais du commerce et de la communication. Ce n’est qu’ensuite que j’ai rencontré Jérémie et qu’ensemble nous avons fondé Tomogrow.

Jérémie : je suis ingénieur ICAM avec une spécialisation en automatisme et intelligence des objets. J’ai été spécialiste automation chez Endel Engie où je m’occupais de tout ce qui est conception des micro-brasseries pour les restaurateurs ou fabrication de produits cosmétiques ou spiritueux.

Avec Camille nous avons co fondé Tomogrow à la suite du premier confinement. Un ami restaurateur qui a dû jeter tous ses produits frais nous a contacté parce qu’il ne comprenait pas comment au XXIe siècle il n’est pas possible de mieux conserver nos produits frais. On s’est dit : « pourquoi pas lui construire une ferme verticale pour qu’il puisse cultiver ses produits frais directement là où est le consommateur ? »

À sa réouverture il a pu avoir des plants de menthe extrêmement fraiche à disposition des clients. À la suite de ça, on s’est rendu compte qu’il y avait vraiment quelque chose à faire pour jouer sur le gaspillage alimentaire (mais aussi avec le transport et le stockage des produits fragiles).

Camille : aujourd’hui il y a beaucoup de solution en aval (avec par exemple To good to go) mais très peu de solution en amont, alors que c’est là que se joue la plus grosse partie du gaspillage alimentaire (notamment sur les produits frais). On a beaucoup de perte durant le transport et le stockage. En magasin, on peut voir que la plupart des aromates sont flétris et ont une durée de vie très courte.

Jérémie : avec notre projet, on voulait lutter contre le gaspillage mais aussi redonner aux consommateurs des produits ultra frais et ultra bons ! L’idée est que tout le monde n’a pas la chance d’avoir un balcon, mais que tout le monde aura la chance d’avoir sa micro-ferme dans un magasin proche de chez lui.

Camille : ce sont des micro-fermes connectées et autonomes. La ferme va répondre à tous les besoins du plant et puisqu’elle sera connectée elle nous enverra directement des informations. Ainsi on saura quand il faut venir réapprovisionner et si tout va bien pour les plants. Cela permet aux consommateurs de venir cueillir eux-même leurs produits frais en magasin.

Jérémie : ça ne pénalise pas la grande distribution puisque la ferme est complètement autonome. Ce n’est pas du temps en plus pour le magasin, au contraire, ça les aide pour la gestion du stock.

Camille : cela permet d’avoir des produits 100% locaux et sans pesticide. On a la traçabilité totale donc on sait exactement ce qui rentre dans le plant. Ça permet aussi d’économiser des ressources puisqu’on va utiliser 90% moins d’eau qu’en culture traditionnelle.

Quels sont, selon vous, les facteurs clés de réussite d’une entreprise comme la vôtre ?

Jérémie : l’équipe ! Aujourd’hui on a une complémentarité d’équipe avec Camille qui est assez impressionnante. On est tous les deux ingénieurs dans différents domaines, ce qui nous permet d’avoir une belle complémentarité et de penser différemment notre approche du marché.

Aujourd’hui nous sommes constructeurs et exploitants de notre machine. On ne passe pas par un tiers ce qui nous permet d’avoir une agilité d’amélioration continue sur nos fermes, de pouvoir rapidement les modifier et les améliorer. Un autre facteur clé est la tendance du marché d’aujourd’hui, selon moi les consommateurs veulent retrouver du local, du frais et de la saveur.

Camille : il y a aussi le fait de rapprocher le produit du consommateur. Le produit se présente avec sa racine et le consommateur va cueillir le produit dans son intégralité. C’est ce qui permet de conserver le produit ensuite à la maison une dizaine de jours.

Jérémie : de plus, il ne suffit que d’une seule prise électrique pour mettre en route notre machine. Il n’y a aucun travaux à faire dans le magasin. Ce qui est vraiment un atout pour les magasins. Le fait de cueillir son produit frais directement en magasin offre une expérience client différente.

Comment voyez-vous votre société dans 10 ans ?

Camille : dans la première année on voudrait se développer dans la métropole lilloise, et les Hauts de France qui est une terre d’agriculture. Puis l’année suivante on veut s’étendre sur la France et ensuite à l’internationale.

Jérémie : on veut devenir une référence dans ce genre de production. On veut créer un grand réseau de production locale. Du local à grande échelle.

Plus d’informations sur www.tomogrow.fr

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