Actualité agro-alimentaire

Conférence de La Coopération Agricole « Alimentation des animaux : le bien-être commence dès l’auge »

« Les conditions de vie des animaux constituent aujourd’hui un sujet d’intérêt majeur et durable pour les citoyens-consommateurs, soucieux non seulement de la qualité des produits qu’ils consomment mais également de leur mode de production. L’impact environnemental, les conditions d’élevage ou encore la redistribution équitable de la valeur à tous les maillons sont désormais au cœur des préoccupations.

Soucieuses de répondre à ces attentes et de remplir leurs missions fondamentales à l’égard de leurs adhérents, les coopératives agricoles avancent au quotidien pour assurer l’amélioration des pratiques en matière de bien-être animal, en le faisant avec une conviction profonde : cette amélioration nécessite une approche à la fois globale, soulignant les interactions avec l’humain et l’environnement, et multi-dimensionnelle, englobant des savoirs issus de nombreuses disciplines, de la médecine vétérinaire à la sociologie en passant par le droit. Cette démarche s’inspire du concept du « One Welfare » ou « Un seul bien-être » que La Coopération Agricole s’attache à promouvoir depuis plusieurs années.

J’aimerais également faire part de deux principes qui guident notre action pour relever le défi sur l’ensemble de la chaine alimentaire. Tout d’abord, le pragmatisme : améliorer les pratiques ne peut se faire que si des solutions alternatives sont accessibles, grâce à la recherche, à l’expérimentation et au déploiement qui les rendent efficientes. Et c’est en inscrivant nos démarches du champ à l’assiette, permettant notamment une meilleure valorisation de la production des agriculteurs, que nous réussirons.

Deuxième principe essentiel : la pédagogie. Nous avons besoin d’expliquer et de rendre visible la réalité des pratiques au sein des élevages, lors du transport des animaux ou encore dans les abattoirs. Le changement de regard, et donc d’image de nos filières, ne peuvent se faire que par la force de l‘exemple et de la preuve. Ne laissons pas les détracteurs parler seuls ! Il en va de notre responsabilité de chercher et proposer des solutions aux agriculteurs et aux professionnels de nos filières, et de rendre accessibles au plus grand nombre ces sujets souvent sensibles.

Travailler avec le vivant implique d’en connaître les besoins, les caractéristiques, les cycles de vie, les subtilités… Cette connaissance, à la fois technique et empirique s’acquiert avec le temps, par ceux qui sont, au quotidien, au contact des animaux. C’est ce que nous avons souhaité mettre en lumière dans ce Thema qui recense des initiatives et des illustrations concrètes des pratiques et logiques d’amélioration continue mises en place au sein du réseau de nos entreprises coopératives. »

Dominique CHARGÉ, Président de La Coopération Agricole

Les coopératives agricoles et le « One welfare »

« Le bien-être animal est une notion complexe, au croisement de disciplines aussi variées que les médecines humaine et vétérinaire, les sciences sociales, l’économie ou encore le droit. Le bien-être animal est également subjectif, c’est-à-dire qu’il varie d’un individu à l’autre ; ainsi, le bien-être d’une vache diffère de celui d’une poule qui lui-même peut différer du bien-être d’une autre poule.

Le bien-être des animaux peut aussi être corrélé à celui des personnes à leur contact. Le concept du « One Welfare », « Un seul bien-être » en français, s’inspire de l’initiative « One Health » (« Une seule santé ») et reconnait les interdépendances directes et indirectes entre le bien-être des animaux, le bien- être des personnes et l’environnement dans lequel ils évoluent. Autrement dit, l’amélioration du bien-être des animaux passe par l’amélioration du bien-être des humains et réciproquement.

Les coopératives agricoles ont été pionnières dans la reconnaissance de cette approche globale du bien-être : ce mouvement a permis à La Coopération Agricole de produire en 2019 une vidéo motion-design explicitant le concept du « One Welfare » appliqué au monde agricole français.

Cet intérêt s’est matérialisé par la réalisation d’un Théma alimenté par l’expertise des coopératives, présentes à tous les maillons et pour toutes les espèces. Les Thémas recensent en effet les bonnes pratiques des coopératives face à des enjeux transversaux, et créent un support illustré et argumenté constitué d’exemples concrets. Le concept de « One Welfare » a guidé l’ensemble de la rédaction du Théma, du choix des initiatives à l’organisation des chapitres : chacune des initiatives présentées dans ce recueil améliore à la fois le bien-être des animaux et le bien-être des personnes qui sont à leur contact. C’est par cette approche globale et pluridisciplinaire que les coopératives mèneront la transition vers un élevage plus durable. »

Mickaël Marcerou, Élu bien-être animal de LCA Pôle animal


Jean-Laurent TUSEK est responsable du service formulation chez NUTRICIA depuis 2001. Nutricia est une filiale qui regroupe toutes les activités support en amont de la fabrication des aliments du bétail. Sud-Ouest Aliment (SOAL) fabrique 650 000 T/an en lien avec Nutricia. Domaine d’expertise développé sur la nutrition des volailles en contribuant au développement des filières poulets et palmipèdes du Sud-Ouest. Membre du Conseil Scientifique de la Nutrition Animale (CSNA).

Les points clés de l’intervention de Jean-Laurent TUSEK

La nutrition animale, à travers sa vocation initiale et ses innovations, apporte des solutions en termes de bien-être des animaux d’élevage. En premier lieu, elle répond aux besoins nutritionnels des animaux de rente en fournissant des aliments de qualité, en quantité adaptée à leur physiologie. La formulation des aliments est réfléchie notamment au regard de l’espèce, du sexe, du stade physiologique de l’animal et des modes d’élevage. Au travers de ses innovations, la nutrition animale permet aussi d’améliorer le confort digestif des animaux et peut jouer un rôle sur l’amélioration de l’immunité. Le confort physique de l’animal est pris en compte en adaptant les apports énergétiques en fonction des variations de températures et en apportant des solutions pour répondre à la problématique du stress thermique. Les fabricants d’aliments mobilisent ainsi leurs compétences diverses (formulateur, scientifique, nutritionnistes…) pour trouver des solutions adaptées, aux côtés des éleveurs, au quotidien.


Daniel LHUILLIER est docteur vétérinaire. Après quelques années d’exercice en tant que vétérinaire praticien passionné par la qualité du lait et le suivi d’élevage, il s’est naturellement orienté vers la nutrition des animaux de rente, premier bras de levier pour la performance, la santé et le bien être animale. Kaesler Nutrition travaille notamment sur l’utilisation des arômes synthétiques ou naturels dans la nutrition des animaux de rente. Kaesler Nutrition travaille actuellement sur l’application de deux concepts connus chez les mammifères : l’effet mémoire et l’imprégnation placentaire.

Les points clés de l’intervention de Daniel LHUILLIER

L’effet mémoire consiste à habituer l’organisme à une saveur lors de période positive : l’utilisation du même noyau aromatique tout au long de la croissance de l’animal, y compris lors d’une période de stress, permet à l’animal de rester en zone de confort et de maintenir son ingestion. Kaesler a ainsi prouvé lors d’essais terrain sur plusieurs centaines de porcelet avec l’utilisation du Cuxarom 210 une meilleure prise alimentaire lors de période de stress et au final un gain de poids supérieur.

Par ailleurs, chez le mammifère, certaines molécules aromatiques naturelles traversent la barrière placentaire. Le principe de l’imprégnation placentaire propose d’imprégner le fœtus via la nutrition de la mère : ainsi, dès la naissance, le nouveau- né reconnaitra ces saveurs « familières ». Grâce à cette méthode, Kaesler Nutrition observe une très bonne prise alimentaire combinée aux effets bénéfiques du noyau aromatique. Lors d’essais terrains, Kaesler Nutrition a utilisé le noyau naturel SPICEMASTER 512 sur 60 truies et 280 porcelets : les différences par rapport au lot contrôle étaient, en plus d’un meilleur GMQ, une diminution significative des morsures d’oreilles et queue et une diminution du nombre de traitements.

Ces exemples montrent que l’utilisation des arômes dans une nutrition de pointe permet d’optimiser la prise alimentaire, de réduire les stress et donc de travailler sur le bien-être animal tout en optimisant la performance.


Didier COULMIER est directeur Recherche et Développement Désialis, depuis plus de 20 ans dans la filière luzerne. La Coopération Agricole Luzerne de France représente 68 000 ha de luzerne déshydratée en France. Désialis en assure 80 % de la commercialisation, ainsi qu’une large gamme de produits déshydratés (pulpe, drêche, paille, maïs) et est à ce titre leader européen de produits déshydratés.

Les points clés de l’intervention de Didier COULMIER

L’utilisation de matières premières fibreuses déshydratées pour des raisons d’amélioration du Bien Etre Animale (BEA) a démarré dans les années 90 en veaux de boucherie. Depuis la problématique du BEA en élevage s’est structurée avec la définition de 5 piliers fondamentaux. Si la participation au pilier Alimentation est une évidence pour la toute la profession de l’alimentation animale dont nous faisons partie, la participation au pilier Santé a nécessité d’adapter et d’affiner les pratiques d’alimentation avec les produits disponibles en élevage. Sur ce dernier point la démonstration a été faite que l’utilisation de luzerne en brins peut participer pleinement à la gestion de maladies métabolique (comme l’acidose) chez les ruminants.

L’évolution de la nutrition des monogastriques vers un modèle de plus en plus intensif a réduit la présence de fibres dans les aliments. Et par ailleurs la demande sociétale pour une meilleure prise en compte du BEA en élevage fait émerger toute une série de problématiques relevant des piliers Santé ou Comportement dans diverses espèces qui peuvent être traitée via l’alimentation et notamment l’apport de fibres. Des apports spécifiques sous forme d’enrichissement du milieu sont une voie très prometteuse d’amélioration pour lutter contre le picage en élevage de volaille ou la caudophagie en élevage porcin.


Aurélia WARIN est directrice du bureau d’études Bankiva. Ethologue de formation et ayant toujours appliqué ses sujets d’études aux animaux d’élevage, elle appréhende le milieu et crée en 2014 un bureau indépendant d’expertise et de conseils. En 2021 et avec une équipe renforcée d’éthologues et d’ingénieur agronome, le bureau Bankiva poursuit ses différentes missions welfaristes auprès de professionnels du monde agricole et des acteurs économiques, avec dynamisme, rigueur et bienveillance.

Les points clés de l’intervention d’Aurélia WARIN

Le bien-être animal est une notion complexe et vaste qui, lorsqu’on cherche à l’appréhender en élevage, s’évalue au travers de 5 libertés. Trop souvent négligée (en supposant trop rapidement que tout éleveur la garantit de fait à chacun de ces animaux), la liberté physiologique comprend des facteurs de risque très variable en fonction de la conduite d’élevage et du stade physiologique considéré. Si on peut globalement estimer que les animaux en production laitière ne souffrent pas de soif (du fait des répercussions immédiates et importantes sur la quantité de lait produite), la bonne alimentation des animaux en restriction est plus délicate à aborder. Par exemple, pour limiter la prise de poids et favoriser de bonnes conditions futures de mise-bas, les truies gestantes sont rationnées en élevage. Pour ces animaux en particulier, il conviendra de s’assurer qu’ils bénéficient d’une satiété physiologique (que leurs besoins nutritionnels soient correctement couverts), d’une satiété mécanique (que leur estomac soit suffisamment plein, à l’aide de fibres par exemple) mais aussi d’une satiété comportementale (que la truie exprime correctement son comportement de recherche et de prise alimentaire). Ainsi, il convient, pour garantir le bien-être animal, d’approfondir les différentes caractéristiques de l’alimentation : quantité, qualité, distribution, compétition et expressions du comportement alimentaire.

En conclusion, rappelons qu’aucune des libertés n’est compensable par une autre et, pour qu’un animal soit bien, de bons résultats doivent être obtenus sur l’ensemble des 5 libertés. Ainsi, une conduite d’élevage offrant une bonne alimentation aux animaux ne suffit pas à garantir leur bien-être, ni un élevage permettant aux animaux d’exprimer leurs comportements naturels sans prendre soin d’une alimentation correcte.


Luc VERHAEGHE est agriculteur, éleveur de vaches laitières dans une structure familiale située dans le Nord et adhérent de la coopérative Sodiaal Union. La ferme laitière est composée d’un troupeau de 200 vaches conduites en traite robotisée. Administrateur de la coopérative Sodiaal Union, Luc VERHAEGHE s’implique dans les sujets liés au bien- être animal à la fois au sein de La Coopération Laitière et au sein de l’interprofession laitière, le CNIEL. Luc VERHAEGHE participe notamment aux concertations avec les ONG welfaristes.

Les points clés de l’intervention de Luc VERHAEGHE

Si le bien-être des animaux est un sujet qui préoccupe de plus en plus nos concitoyens, il faut rappeler la complexité et la multiplicité du métier d’éleveur.

Le bien-être des animaux commence avec de l’agronomie : les éleveurs veillent à la qualité des aliments qu’ils distribuent à leurs vaches laitières et cela commence dès l’implantation des cultures et leur suivi agronomique. La récolte est l’étape la plus importante : réalisée une fois dans l’année, elle impacte la bonne alimentation des animaux (ensilage, fourrage, etc.) et c’est pourquoi la coopérative accompagne les éleveurs adhérents à toutes les étapes.

L’objectif de produire des produits laitiers de qualité reste au cœur du métier de l’éleveur : on ne peut pas faire produire du lait de qualité à un animal sous la contrainte. Avec l’appui de sa coopérative, Luc VERHAEGHE s’est engagé la démarche Bleu- Blanc-Cœur. C’est surtout l’amélioration de la santé des animaux et la qualité nutritionnelle des produits, enrichis en oméga 3 pour la santé des consommateurs, qui ont séduit Luc VERHAEGHE, qui retrouve des bénéfices directs sur son exploitation : zootechniques par exemple avec la reprise de poids après vêlage, la reproduction et la longévité des animaux (augmentation du nombre de lactations moyennes) mais également environnementaux avec la réduction d’émission de méthane et économiques grâce au soutien de la coopérative Sodiaal Union.


Plus d’informations sur www.lacooperationagricole.coop

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