Actualité agro-alimentaire

L’agriculture de demain selon Thomas Laurent, Micropep

Thomas Laurent, CEO de Micropep, pouvez-vous décrire votre parcours et votre entreprise ?

Fondée en 2016 à Toulouse et issue du Laboratoire de Recherche en Sciences Végétales (CNRS) et de la SATT Toulouse Tech Transfer, Micropep Technologies se spécialise dans les biotechnologies agricoles.

La start-up a mis au point une technologie unique, non OGM, qui permet d’identifier et de moduler indirectement l’expression de gènes d’intérêt dans les plantes depuis l’extérieur, de manière temporaire et sans toucher à l’ADN grâce à l’utilisation de micropeptides (miPEP).

Comparables par certains aspects aux technologies ARN, ces petites protéines permettent d’ajuster les capacités naturelles des plantes et constituent une alternative aux intrants pétrochimiques.

L’ambition de Micropep est d’aider les agriculteurs à protéger leurs cultures contre les agents pathogènes et les mauvaises herbes résistantes, en préservant les rendements, dans le respect de l’environnement.

Voici ma biographie :

Thomas Laurent est le cofondateur et CEO de Micropep avec qui il ambitionne de révolutionner le monde de l’agriculture. Il apporte 15 ans d’expérience dans les domaines de l’innovation et de l’entrepreneuriat, avec une expérience directe du management et du financement de startups deeptech. Il a ainsi conduit avec succès les premières étapes de développement de la société avec plus de 15 millions d’euros levés et 30 salariés recrutés depuis 2018.

Après l’obtention d’un master en management de l’ESSEC en 2007, Thomas Laurent se tourne vers le monde du conseil en stratégie et rejoint le cabinet international L.E.K. pour conseiller grands groupes et fonds de private equity sur leurs stratégies. Mais très vite, le virus de l’entrepreneuriat le rattrape et il quitte le monde du conseil pour celui des start-up et de l’innovation. Il s’implique alors sur plusieurs projets mêlant technologies et impact environnemental, deux thématiques qui seront désormais au cœur de ses choix professionnels.

En 2014, il rejoint ainsi la SATT Toulouse Tech Transfer en tant que Business Developer pour le technologies GreenTech. C’est d’ailleurs à la SATT qu’il découvre les travaux de Jean-Philippe Combier et Dominique Lauressergues avec qui il fonde Micropep.

Les deux chercheurs du Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV) du CNRS ont en effet découvert l’existence des micropeptides, de petites molécules produites naturellement par les plantes pour ajuster la quantité de protéines jouant des rôles clés dans leur développement.

D’une manière assez proche des technologies ARN, les micropeptides peuvent aussi bien stimuler que ralentir la croissance des plantes, renforcer leur système immunitaire, le tout, sans modification de l’ADN des plantes (non OGM). Cette innovation pourrait offrir une véritable alternative aux pesticides et engrais chimiques majoritairement utilisés en agriculture.

Selon vous, quels sont les acteurs de l’agriculture de demain ?

L’agriculture de demain ne peut se construire qu’avec l’appui de tous les acteurs de l’écosystème allant de l’agriculteur aux consommateurs : agriculteurs, coopératives, industriels des intrants et des semences, industriels de l’agroalimentaire, enseignes de distribution, banques et institutions financières, pouvoirs publics, etc.

Tous ces acteurs, qu’ils soient petits ou grands, ont un rôle clé à jouer pour construire ensemble une agriculture plus résiliente et plus respectueuse de l’environnement.

Parmi ces acteurs, on trouve aujourd’hui de plus en plus de jeunes start-ups innovantes décidées à accélérer cette transformation de nos agricultures en portant des innovations dans la robotique, le numérique ou les biotechnologies. En France, la plupart se sont par exemple regroupées au sein de l’association La Ferme Digitale.

A titre personnel, quelle initiative agricole innovante souhaiteriez-vous nous partager ?

Pour moi, une des principales problématiques concerne l’utilisation des intrants, que ce soit les engrais ou les pesticides.

Micropep travaille aujourd’hui principalement sur les thématiques des pesticides avec de fort enjeux environnementaux mais aussi de résistance. Nous ne travaillons pour l’instant pas sur la thématiques des fertilisants, mais certaines initiatives dans ce domaine sont intéressantes à observer.

Aux Etats-Unis par exemple, la société Sound Ag a développé une molécule permettant de stimuler l’interaction entre les plantes et les microorganismes du sol permettant de mieux fixer l’azote ou le phosphore déjà présent.

Pulvérisées sur les feuilles, cette molécule envoie un signal aux microorganismes du sol pour stimuler leur activité. Dans un registre similaire, la société Pivot Bio, toujours aux Etats-Unis, a développé un microorganisme optimisé pour faciliter l’absorption de l’azote de l’air par le maïs. Ces deux approches technologiques sont déjà en phase commerciale et leur développement sera intéressant à observer.

Plus d’informations sur www.micro-pep.com

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