Actualité agro-alimentaire

Interview de Camille Blin, Responsable R&D Maison Le Goff


Camille Blin, Responsable R&D Maison Le Goff, pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre métier actuel ?

J’ai commencé mes études en 1ère année de pharmacie, année pendant laquelle j’ai été sensibilisée à la nutrition. A la suite de cette année, j’ai souhaité poursuivre mes études en nutrition, je suis donc partie en licence nutraceutique, rattachée à la faculté de pharmacie de Rennes. J’y ai vraiment découvert l’impact de notre nutrition sur notre santé, mais surtout par la voie des compléments alimentaires.

Ma réflexion a porté sur le fait que notre « médicament » devait se trouver directement dans notre assiette. C’est pourquoi je suis partie en école d’ingénieur agroalimentaire, qui proposait une spécialisation en nutrition (ENSCBP). J’ai eu la chance de réaliser mon stage de fin d’étude dans le service R&D diététique de Léa Nature, afin de travailler sur une gamme de biscuits à faible index glycémique.

En découvrant le comité éthique de cette entreprise, j’ai vu comment nous pouvions essayer de mettre nos convictions dans ce que nous produisons. A la suite de ce stage, je me suis promis de faire de mon métier des produits à valeurs nutritionnelles.

Première recherche d’emploi, les opportunités ont fait que je me suis retrouvée à travailler dans les compléments nutritionnels pour vache laitière. Le DG, pour me convaincre, m’a expliqué que si je m’y connaissais en nutrition humaine, je devrais me débrouiller en nutrition animale.

Il y a tout de même un écart car le sens donné à l’un n’est pas le même que celui donné à l’autre. Le but en nutrition animale est de faire produire plus l’animal. Etant une faible consommatrice de produits d’origine animale et étant sensible au bien être animal, au bout de 2 ans, j’ai cherché à quitter le monde de la nutrition animale.

C’est ainsi que je suis arrivée en CDD en R&D dans une entreprise de nutrition sportive avant de rejoindre Maison Le Goff. Lors du rachat de Maison Le Goff, la nouvelle dirigeante a décidé de créer un service R&D et m’a recruté.

Aujourd’hui, mon poste consiste à développer de nouveaux produits pour nos clients. Nous travaillons pour la grande distribution : nous répondons souvent à des appels d’offre, auxquels nous participons en intégrant nos valeurs (les seuls additifs que nous nous autorisons sont les poudres à lever, pas d’alcool de pulvérisation, liste d’ingrédients la plus courte possible…). Avec la hausse des matières premières, nous cherchons à optimiser nos recettes afin de pouvoir proposer le meilleur prix possible.

Nous travaillons aussi avec d’autres clients dans le secteur du bio, de l’anti gaspi et de la transparence, avec qui nous participons à la transition alimentaire, période dans laquelle nous nous trouvons et que je trouve challengeante et passionnante !

Enfin, nous développons aussi notre propre marque, Maison Le Goff, qui a été lancée au printemps 2021. Nous avons d’abord revisité l’univers breton en twistant les classiques galettes et palets bretons. Ensuite nous avons développé une gamme de 3 cookies bio et maintenant nous sommes en plein développement d’une gamme de biscuits salés.

Pour tous ces développements, je source des matières premières qui soient les plus « clean » possibles, que ce soit en terme de sourcing local ou de mode de culture (par exemple, la farine de blé conventionnelle que nous utilisons est issue de la filière Merci les Algues, les blés sont cultivés sans insecticide ni fongicide de synthèse). Etant sensible à la qualité nutritionnelle des produits que je développe, je préfère utiliser des matières premières moins raffinées, mixer la matière grasse avec de l’huile de colza, et toujours limiter la liste d’ingrédients au strict nécessaire. Je cherche à reproduire les gâteaux ou biscuits que nous pourrions faire dans notre cuisine mais à plus grande échelle.

Quelles sont les initiatives récentes qui répondent à la mission d’une meilleure alimentation au plus grand nombre ?

Je suis beaucoup les acteurs du végétaux. Je pense que Triballat est un acteur d’une alimentation meilleure, accessible au plus grand nombre.

Je pense aussi qu’Omie, avec qui nous travaillons, sera demain l’un de ces acteurs. Omie fête bientôt sa 1ère année et son objectif est d’être 100% transparent et de proposer les meilleurs produits qu’ils puissent exister.

Enfin, un produit qui m’intrigue est l’alternative aux fromages en version vegan. Je trouve que pour le moment cela est un non sens car pour remplacer le lait du fromage, nous retrouvons souvent du lait de cajou et de l’huile de coco : quel impact environnemental ? et pour donner du goût à ce produit nous retrouvons souvent des arômes.

Un produit que j’aimerais donc développer serait une de ces alternatives végétales, mais en utilisant des ingrédients sourcés plus localement et avec une liste d’ingrédients plus courte (en limitant l’utilisation des additifs).

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