Stéphane Brunerie, pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Mes racines sont clairement à la campagne. J’y ai vécu dans une famille d’agriculteurs jusqu’à mes 18 ans. Cela a fortement forgé ma culture et mes valeurs. L’amont agricole est un monde que je comprends bien et duquel je me sens très proche. Tout part de là et on doit être à son écoute.
Ensuite, mon parcours professionnel depuis plus de 20 ans est 100 % agro-alimentaire. J’ai débuté ma carrière chez Mars à différents postes commerciaux et marketing où je suis resté plus de 8 ans.
Ensuite, juste après le rachat de la marque St Michel (qui repassait dans le giron français après avoir appartenu pendant quelques années à une entreprise allemande), j’ai décidé de rejoindre cette entreprise pour prendre en charge le développement de la marque aux niveaux de l’innovation, du marketing et de la RSE.
Aujourd’hui, je suis directeur marketing et offre pour la France et l’international. Mon périmètre couvre les marchés grand public (avec les marques St Michel et Bonne Maman) mais aussi les marchés professionnels.
Avec une équipe d’une vingtaine de personnes, nous travaillons sur la veille, les études, la stratégie des marques et leurs activations, l’offre et l’innovation, la communication mais également sur le « goût de la transmission », notre démarche RSE de croissance citoyenne.
Parlez-nous de votre blog Stripfood, quelle est son ambition ?
Je suis intimement convaincu que demain, on vivra mieux si on mange mieux. Nous mangerons mieux si nous modifions, non seulement notre façon de produire et de transformer, mais aussi celle de nous informer pour mieux acheter. En cela, nous sommes tous acteurs.
C’est donc dans ce contexte que je me suis lancé, il y a plus de deux ans, dans la création du projet StripFood. J’ai décidé de mettre à profit mon expérience, mais aussi mon goût pour l’observation et le décryptage, pour me lancer dans un « side project » positif, en ligne avec mes origines et fidèle à mes valeurs et convictions profondes.
StripFood est un média en ligne indépendant dont la mission est de prendre le temps de décrypter l’alimentation et en particulier tout ce qui l’influence. Structuré autour de cinq verticales (l’agriculture, l’agro-alimentaire, la nutrition, la restauration et la culture), sa mission est de contribuer à redonner à l’alimentation un rôle central dans la transformation de notre société.
Si StripFood est un média qui s’adresse prioritairement aux professionnels confrontés aux problématiques de transformation de leurs modèles, il se veut accessible aux consommateurs et citoyens « engagés » vers une meilleur alimentation.
Au cœur de ce projet, j’ai voulu inclure trois partis pris forts :
Un média avec un regard différent
StripFood considère l’alimentation comme un sujet complexe qui doit être observé de façon globale et équilibrée. L’alimentation est en effet au cœur de nos vies avec des impacts à la fois sur notre santé, notre économie, notre environnement, notre territoire, notre sociabilité… C’est avant tout un fait culturel. Considérant l’écrit comme le média le plus pertinent pour rentrer dans le temps long, StripFood se positionne comme un véritable média de slow information. C’est la raison pour laquelle StripFood n’a pas vocation à se positionner sur l’actualité « chaude », beaucoup trop émotionnelle. Nous faisons le choix de ne pas la relayer ainsi que de ne pas la commenter.
Un mode de fonctionnement contributeur
Qui dit sujet complexe dit nécessité de croiser les regards. StripFood se positionne comme un média de construction d’opinion faisant appel à des contributeurs experts triés sur le volet pour participer aux échanges. Je sollicite bien entendu mon propre réseau, mais pas seulement. J’implique régulièrement de nouvelles personnes que je vais chercher ou qui me contactent elles-mêmes. Leurs points communs ? En ligne avec les valeurs du projet StripFood, elles maîtrisent leur domaine et surtout savent parler de sujets complexes ou spécifiques de façon simple et pédagogique. Sinon, au quotidien, je laisse ma communauté me suggérer des idées de thèmes à explorer et d’initiatives à promouvoir et vais bientôt mettre en place une structure qui facilitera ces échanges grâce au concept du StripLab.
Un projet d’impact positif
Convaincu que nous pouvons recréer de la valeur et du sens à travers l’alimentation, StripFood se positionne comme un observateur, mais pas seulement. StripFood est un véritable média de solution y compris en exposant leurs failles ou leurs limites. Bien que considérant que le modèle agro-alimentaire est à repenser, StripFood refuse les solutions dogmatiques, caricaturales ou portées de façon hystérique et souhaite contribuer à redonner à la posture d’équilibre toute sa place dans notre société. C’est la raison pour laquelle StripFood défend avant tout les échanges, même divergents, de façon respectueuse et détendue.
Selon vous, comment une entreprise alimentaire doit-elle innover dans les années à venir ?
Une entreprise alimentaire doit avant tout prendre en considération les externalités dans ces décisions d’innovation. Que ce soit sur les hommes ou sur l’environnement, l’impact doit être questionné et par conséquent repensé sous le prisme du long terme.
L’innovation ne doit pas être uniquement axée sur le produit mais elle doit glisser de plus en plus sur la question des services pour recréer davantage de valeur.
Enfin, l’entreprise doit être à l’écoute de ses publics mais savoir aussi faire des choix afin de réussir à équilibrer la recherche du bon avec le bien, tout cela sans oublier le prix. C’est capital de redéfinir le niveau de qualité que le consommateur est vraiment prêt à financer.
Quels sont les conseils que vous pourriez donner aux consommateurs pour leur alimentation ?
En tant que consommateurs, nous sommes littéralement cernés par des injonctions alimentaires, qui peuvent même se révéler contradictoires.
Nous croulons sous une masse de communication qui nous arrive des pouvoirs publics, médias, associations, applications ou encore marques… Au nom de la transparence, on frôle franchement l’overdose.
De plus, notre époque souffre d’une terrible tendance à vouloir qu’on se positionne de façon radicale sur les sujets alors qu’il est juste évident que la solution parfaite n’existe pas.
On peut ainsi trouver un aliment peu sucré mais très gras, un nutriscore A mais ultra transformé, un produit bio mais importé de l’autre bout de la planète… Tout n’est pas aussi simple.
Alors, le conseil que je donne aux consommateurs est par conséquent assez simple.
Nous devons accepter d’accorder plus de temps à notre alimentation. Accorder plus de temps à nous informer, lire les étiquettes, croiser les sources d’informations, échanger avec nos commerçants ou producteurs, afin de varier au maximum notre alimentation et surtout passer plus de temps autour de la table.
Ces sujets sont complexes et c’est à chacun de cheminer à son rythme pour mieux manger. Je préfère sincèrement cette idée de quête du mieux manger plutôt que chercher à imposer aux autres sa vision du bien manger.
Plus d’informations sur www.stripfood.fr