Actualité agro-alimentaire

Les différences entre agriculture bio et biodynamique


Paolin Pascot, cofondateur d’Agriconomie, pouvez-vous expliquer les différences entre agriculture bio et biodynamique ?
Nous avons, pour la plupart d’entre nous ou les moins initiés, entendu parler du principe d’agriculture biologique avant celui de l’agriculture biodynamique. Or, l’agriculture biodynamique est un courant de pensée, puis d’action, plus ancien que celui de l’agriculture.
La biodynamie est un des fondements principaux de l’agriculture biologique. Les deux courants sont donc différents mais largement reliés et complémentaires. Les objectifs poursuivis sont similaires. Creusons un peu le sujet.
Dès le début du XXe siècle, le principe de biodynamie a fait son apparition suite à la prise de conscience concernant l’affaiblissement des cultures : perte de rendement, moindre qualité nutritionnelle des aliments, dégénérescence plus ou moins importante des plantes cultivées, fécondité amoindrie des troupeaux…
Le principe de la biodynamie est de rééquilibrer ce « tout » en utilisant les forces des éléments de la Nature. Tout ce que la Nature nous offre a un intérêt. Connaître et identifier ces forces au service de l’équilibre, au niveau d’une exploitation par exemple, va permettre aux agriculteurs de revitaliser ses cultures et ses élevages.
L’agriculture biologique poursuit le même type de pensée et de conviction de défense des plantes ou des animaux par la mise en place de pratiques respectueuses des équilibres naturels. La différence principale concerne l’utilisation d’intrants.
L’agriculture biologique saura appliquer des produits, de traitement par exemple, 100% labellisés « bio » quand l’agriculture biodynamique se servira de produits 100% naturels, voire n’aura recours à aucun traitement externe. Convoquer les forces de la Nature, de l’environnement, est une véritable science.
Comment fonctionne l’agriculture biodynamique ?
L’agriculture biodynamique rejette l’utilisation d’intrants phytosanitaires chimiques, plus traditionnellement utilisés dans l’agriculture dite conventionnelle. Ces trois courants agricoles : biodynamique, biologique et conventionnel poursuivent les mêmes objectifs de qualité ou encore de vitalité mais interviennent différemment sur les cultures et les troupeaux.
En agriculture biodynamique, 3 principes fondamentaux sont la colonne vertébrale de ce type de pratique : Concevoir l’environnement comme un « tout », utiliser des préparations biodynamiques (uniquement composées d’éléments 100% naturels comme les plantes médicinales, la silice, certains excréments…) et travailler avec les rythmes cosmiques.
Ces 3 principes cumulés permettent d’atteindre l’objectif de recréation du lien entre les différents éléments naturels qui composent l’environnement, et de concert, favoriser la vitalité du vivant, l’harmonie.
Tous les éléments naturels ont un intérêt ou une force particulière. L’eau, le sol, l’air, la biodiversité dans son ensemble (les cultures, les animaux, les aménagements paysagers naturels ou construits, l’Homme), le Soleil, la Lune… entrent en interaction les uns avec les autres ; l’agriculture biodynamique favorise ces échanges et cet équilibre en optimisant la diversité des espèces présentes.
Qu’est-ce qu’apporte l’agriculture biodynamique dans nos assiettes ?
Comme expliqué plus haut, la réflexion biodynamique a pour objectif, entre autres, de favoriser et de stimuler la vitalité des cultures et des élevages. On ne peut parler de vitalité qu’en agissant directement sur la bonne santé, la vigueur, le bien-être du végétal et de l’animal.
Les méthodes de culture en biodynamie, très réglementées, permettent de proposer aux consommateurs des produits cultivés, élevés et/ou transformés de manière complètement naturelle, qualitatifs et riches en goût, sans aucune utilisation d’intrants d’origine chimique.
Les produits issus de l’agriculture biodynamique, certifiés par Demeter, arborent un label assurant aux consommateurs des produits élaborés et transformés selon de stricts cahiers des charges. A ce jour, plus de 500 producteurs français, dont une grande majorité sont viticulteurs, sont certifiés Demeter.
Produire et consommer des aliments élaborés selon les préceptes de la biodynamie relève d’une certaine philosophie appelée « anthroposophie », courant créé par Rudolf Steiner, père de la biodynamie.
Les cahiers des charges et les contrôles des pratiques sont de plus en plus rigoureux, pour chacun des types d’agriculture. La prise de conscience du respect de l’environnement et de la protection des agriculteurs et des consommateurs est réelle. Les organismes gouvernementaux adaptent les réglementations au fur et à mesure de notre meilleure connaissance de l’impact des pratiques agricoles.
Il est important de ne pas opposer les méthodes, mais bien d’affiner les techniques et de « nourrir » leur évolution grâce aux succès de chacun !
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