Actualité agro-alimentaire

Interview de Tom Szaky, fondateur du projet Loop

Tom Szaky, fondateur de TerraCycle et du projet Loop, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre société ?

Je suis né à Budapest au début des années 1980 et ma famille a quitté la Hongrie en 1986 au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

En 2001, encore étudiant à l’Université de Princeton, je fonde TerraCycle dans le but de trouver des solutions de recyclage pour les déchets difficilement recyclables puis quitte finalement l’université pour me consacrer au développement de ma société.

Depuis 2001, TerraCycle est devenu le leader dans le recyclage des déchets non recyclés par les filières de tri classiques telles que les capsules de café, les mégots de cigarette, les stylos, les gourdes de compotes, les plastiques de plages… dans 21 pays de par le monde, le tout en nouant des partenariats avec des entreprises de la grande consommation.

En 2017, TerraCycle a été récompensé par le Prix des « Momentum for Change » des Nations Unies pour le programme de Recyclage des plastiques de plage qui a permis de collecter et recycler des plastiques de plage dans le monde entier et de fabriquer la première bouteille de shampoing « Head & Shoulders » fabriquée à partir de ces plastiques.

Si le recyclage est extrêmement important, et qu’il est essentiel d’encourager l’innovation dans ce domaine, cela ne règle pas le problème des déchets à la source. Pour TerraCycle, il était donc essentiel d’aller plus loin en initiant un projet qui soit encore plus performant.

C’est ainsi qu’est née l’idée de Loop, une plateforme e-commerce pensée pour réduire nos déchets : www.maboutiqueloop.fr permet de se faire livrer ses courses du quotidien dans des contenants durables et consignés.

Initié au Forum Economique Mondial de Davos, plus de 25 entreprises de toutes tailles, multinationales et marques indépendantes, se sont associées au projet afin de proposer leurs produits sur notre plate-forme.

Le 24 janvier 2019, le projet Loop a été dévoilé sur la scène de Davos avant d’être lancé opérationnellement le 14 mai à Paris et le 21 mai à New York.

Selon vous, quels sont les futurs acteurs de l’innovation alimentaire en France ?

Aujourd’hui, il y a de nombreux domaines dans lesquels l’innovation est possible : la composition, l’emballage, la distribution… je pense que les futurs acteurs de l’innovation devront avoir une vision globale et s’inscrire dans des dynamiques de développement durable.

Il y a, de plus, un vrai marché pour ces innovations car on constate une réelle prise de conscience de la part des citoyens et des consommateurs qui souhaitent consommer des produits plus durables.

Plus nous serons mobilisés, business, citoyen.ne.s, gouvernement, institutions et plus nous aurons un impact durable.

Quels sont les facteurs clés de réussite d’une entreprise comme la vôtre ?

En plus d’être une entreprise responsable et prospère, je dirais qu’il faut à la fois parler aux citoyens et aux consommateurs et travailler et nouer des partenariats avec des entreprises pour créer des synergies vertueuses.

Concernant Loop, par exemple, nous avons constaté que les consommateurs ont pris l’habitude de la facilité liée au tout-jetable et à l’usage-unique, il fallait donc que Loop offre la même praticité, il faut que le service soit simple et accessible aux utilisateurs.

Ainsi afin de conserver cette souplesse et facilité d’usage, Loop a développé un modèle de livraison à domicile, avec des produits de consommation déjà connus et d’autres plus innovants et après usages les contenants vides sont récupérés à domicile.

Il n’y a pas besoin de se déplacer, ni de descendre les poubelles, les habitudes de consommation peuvent rester les mêmes, simplement l’impact sera plus vertueux grâce à une chaine logistique circulaire. C’est cela, je pense qui participe au succès de Loop.

En parallèle, il est important de créer des synergies avec un large nombre d’acteurs pour avoir une importante force de frappe et s’appuyer sur les expertises de chacun.

C’est ce que nous avons fait avec le projet Loop, où nous nous sommes associés avec des entreprises de la grande consommation et des entreprises indépendantes, pour avoir le plus d’impact.

A titre personnel, quelle autre innovation alimentaire auriez-vous aimé inventer ?

Si je devais réfléchir à une innovation alimentaire, j’encouragerais à réfléchir davantage à l’impact de certains aliments sur la planète et à ajuster nos régimes alimentaires en fonction. Je voudrais également voire plus d’attention accordée à l’emballage et les moyens de minimiser la quantité de déchets.

Plus d’informations sur www.terracycle.com et sur www.maboutiqueloop.fr 

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