Actualité agro-alimentaire

Interview de Pierre Weill, Président de l’association Bleu-Blanc-Cœur

Pierre Weill, Président de l’association Bleu-Blanc-Cœur, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre société ?

Ingénieur Agronome, dès la sortie de mon école en 1978, j’ai travaillé dans l’élevage et l’alimentation des animaux. C’était l’époque où les systèmes de production de masse achevaient de se mettre en place.

En 1992, avec quelques collègues qui partageait mes idées et rejetaient ces systèmes dominants basés sur le maïs et le soja, nous avons créé une société d’alimentation animale : Valorex. Nous avons alors relancé les cultures de lupin, de féverole, de lin, etc… pour remplacer le soja. Très vite, nous avons pu mesurer avec l’INRA les bénéfices sur la santé et la fertilité des animaux.

En 1997, nous avons conduit un grand programme de recherche pour mesurer l’impact de ce que mangent les animaux sur la santé de l’homme. Puis en 1999, nous avons monté une étude clinique qui mesurait l’impact chez l’homme (avec des prises de sang tous les 15 jours) de ce que mangeaient les animaux.

Nous avions alors fait pour la première fois le lien entre santé des sols, santé des animaux et santé des hommes. A l’issue de cette étude, nous avons créé en août 2000 l’association Bleu-Blanc-Cœur. Le projet d’entreprise s’effaçait derrière le projet collectif.

Selon vous, quels sont les futurs acteurs de l’innovation alimentaire en France ?

La création de l’association Bleu-Blanc-Cœur a été une rupture.

Pour la première fois, paysans et mangeurs se retrouvaient autour de la table dans une gouvernance dédiée à un « bien nourrir global ».

Autour d’eux, tous les autres acteurs de la chaîne alimentaire venaient participer : Industriels, Scientifiques, Médecins, Chefs… Ce dialogue, cette co-création est le point commun à tous les succès récents et à venir de l’agro.

Les « marques », qu’elles soient privées ou détenues par l’état n’ont pas d’avenir si elles ne sont pas garantes de ce dialogue.

Beaucoup plus récemment, les succès de Yuka ou C’est qui le patron ? illustrent ce renouveau de « marques » de communautés.

Bleu-Blanc-Cœur, devenu en 2018 le premier signe de qualité dans les filières animales en France, et qui se développe aujourd’hui dans les produits végétaux et à l’international est la « preuve de concept » de ce renouveau.

Quels sont les facteurs clés de réussite d’une entreprise comme la vôtre ?

Un rapport INRA sur la diversification des cultures mettait en exergue Bleu-Blanc-Cœur comme la seule réussite du domaine.

Il détaillait les raisons de ce succès en 3 raisons principales :

  • L’organisation collective de l’association
  • La centralisation de la R&D autour de la société Valorex, à l’origine de la démarche
  • La recherche collaborative privé-public symbolisée par l’entrée de l’INRA dans la gouvernance de l’association

Personnellement, je rajouterais la prise en compte précoce des sciences humaines dans notre approche d’organisation des communautés

A titre personnel, quelle innovation alimentaire auriez-vous aimé inventer ?

Avec la perte des traditions alimentaires, les angoisses consubstantielles à l’omnivorisme ont explosées.

Rassurer le mangeur par rapport au contenu de son assiette et des aliments qui la composent est une belle mission.

Pour y arriver, il faudra conjuguer digital, nutrition et environnement et rendre la composition des aliments accessibles à tous.

Une obligation de résultats mesurable qui parle au mangeur de ce qui l’intéresse… environnement, bien-être animal, santé humaine….et que l’on puisse lire au cœur du produit : c’est un noble objectif, avec des outils… à inventer !

Plus d’informations sur www.bleu-blanc-coeur.org

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