Actualité agro-alimentaire

Interview de Mohamed El Idrissi, fondateur de ÜMAIN

Mohamed El Idrissi, fondateur de ÜMAIN, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre société ?

D’origine marocaine, mes parents ont immigré en France je n’avais même pas 1 an. J’ai fait des études scientifiques en chimie, à Grenoble, Bristol en Angleterre, puis à Paris, pour finir à Bâle en Suisse ou j’ai obtenu mon doctorat en nanochimie.

J’ai ensuite travaillé dans des laboratoires de recherches entre la Suisse et les États-Unis pour un grand groupe pharmaceutique. Après un peu moins de deux ans, la frustration de ne pas pouvoir aligner mes valeurs avec mon travail m’a poussé à quitter mon poste pour revenir en France et développer un projet d’impact.

J’apprends à la même période que je vais devenir papa, mon changement drastique de consommation me pousse à fonder ÜMAIN en 2020.

ÜMAIN veut aider le consommateur dans la jungle des produits et lui rendre la consommation saine plus simple.

Dans l’état actuel, c’est un site e-commerce qui permet au consommateur d’effectuer ses courses sur un catalogue 100% sain et responsable (ouverture de la plateforme dans quelques semaines) avec une vraie curation de produits de qualités.

À terme ce sera tout un écosystème construit autour d’une application pour accompagner le consommateur vers une consommation plus saine. L’adhésion au site pour moins de 6€ permet au consommateur d’accéder à notre sélection de produits à des prix avantageux et d’économiser jusqu’à des centaines d’euros par années sur des produits biologiques et de qualités.

Nous travaillons actuellement sur une fonctionnalité exclusive, nommée Ü CARE, qui permet non seulement de connaître l’empreinte carbone de ses produits mais aussi de suivre l’impact carbone de ses paniers d’achat au fil des mois.

Aujourd’hui nous sommes tous conscient du coût financier quand on passe à la caisse très peu du coût environnemental. L’objectif étant de familiariser un maximum de personnes à ces valeurs avec un maximum de transparence et sans jamais culpabiliser le consommateur.

Selon vous, quels sont les futurs acteurs de l’innovation alimentaire en France ?

En terme d’innovation alimentaire, il y a de très nombreuses marques et entreprises qui ont émergé ces dernières années. Des startups qui non seulement répondent aux attentes des consommateurs en termes de produits plaisir mais aussi aux grands enjeux de consommation saine.

Le vrai pari à tenir pour ces acteurs, se tient dans la fusion d’une part du plaisir apporté par l’expérience du produit en termes de saveur et de goûts, un aspect souvent très critiqué du côté des détracteurs des nouvelles alternatives végétales.

De praticité du produit au travers de l’usage que nous en faisons, par exemple en nous faisant gagner du temps comme certaines poudres ou boissons repas.

Mais aussi des nouveaux bienfaits santés soit avec l’introduction de super-aliments ou simplement d’ingrédients peu communs comme des légumineuses dans certaines farines ou pâtes à tartiner.

Et finalement, de la prise en compte de l’impact environnemental avec des alternatives à nos produits courants comme avec ces fromages sans produits laitiers, ces steaks vegan ou ces produits à base d’insectes.

Comme pour beaucoup d’innovations il y a encore très peu de recul sur les bienfaits de certains produits. D’où l’enjeu de garder une naturalité élevée et un taux de transformation très bas chez ces nouveaux produits pour éviter les contrecoups d’une nourriture dit de laboratoire.

Paradoxal ou totalement attendus, les grands groupes de l’agroalimentaire, malgré les gros moyens financiers à leur portée n’ont pas encore montré tant d’évolution que ça sur le marché.

Quels sont les facteurs clés de réussite d’une entreprise comme la vôtre ?

Pour nous, notre succès se fera par un renouveau de l’expérience de la consommation saine et responsable.

Les messages autour de la consommation responsables sont encore trop élitistes, les messages trop vieillots, les formats des messages sont encore trop adressés à des initiés.

La seule façon d’ouvrir cette consommation c’est de casser les codes, d’ouvrir les possibilités, s’adresser à d’autres personnes, aujourd’hui les gens sont prêts à entendre ce genre de messages, la seule chose qui leur manque ce sont les moyens (financier et informationnel) et les outils pour accéder à ce mode de consommation.

Nous avons donc bien sûr besoin d’assurer une véritable transparence pour le consommateur qu’ils puissent savoir exactement tout ce dont il a envie de savoir à propos du produit qu’il consomme et que sa famille et ses enfants consomment également.

Qu’il s’agisse de la provenance de tel ingrédient, du taux de transformation du produit ou de l’impact environnemental. Des informations qu’il me semble indispensable à communiquer au consommateur pour instaurer une confiance déjà bien trop bafouée.

Le succès d’applications de scanning montre bien la méfiance des consommateurs face aux produits des grandes surfaces, et à raison.

Quels conseils donneriez-vous aux consommateurs français pour leur alimentation ?

Quand on donne des conseils, on oublie souvent que cela doit prendre la forme d’un conseil. On ne peut pas imposer une « bonne alimentation type » et prêcher un type de régime spécifique sans se soucier du coût psychologique sur la personne qui l’adopte.

Des études dans ce sens montrent l’importance de l’accompagnement dans l’alimentation pour éviter certains troubles alimentaires. Certain.e.s ont besoin de plus de temps, de plus de flexibilité, de moins de restrictions, de plus d’informations et parfois certain.e.s manquent aussi de moyens.

La seule façon de démocratiser l’adoption d’une consommation saine responsable c’est de le faire en y incluant le plaisir. C’est ce qu’on essaye de faire notamment avec ÜMAIN.

Mais il existe bien, je dirais 4 grands principes à retenir pour une bonne alimentation :

  • Éviter au maximum les produits ultra-transformés en général (y compris végétaux)
  • Réduire sa consommation de viande et augmenter la part de végétaux
  • Garder une consommation la plus variée possible
  • Consommer un maximum de produits biologiques locaux

Ces conseils rentrent dans le cadre d’une alimentation saine et suivent les principes de la nutriécologie qui tend à définir ce qu’est une alimentation qui soit non seulement bonne pour notre santé mais aussi pour celle de notre planète.

Plus d’informations sur www.weareumain.com

 

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