Actualité agro-alimentaire

Interview de Laurent Guardiola, fondateur de Julienne

Laurent Guardiola, fondateur de Julienne, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre société ?

Mon parcours s’est orienté dès le départ vers la grande consommation et distribution. J’ai démarré par le « carrelage » en tant que chef de secteur pendant 2 ans chez LU puis Cadbury, une excellente expérience terrain pour comprendre la distribution et le commerce.

J’ai passé ensuite 3 ans chez IRI en tant que consultant pour des industriels et des distributeurs. J’y ai acquis une forte culture analytique et ai compris que les métiers de la distribution étaient variés et passionnants. Notamment chez des enseignes comme Monoprix qui avaient déjà structuré leurs équipes autour du category management.

J’ai justement eu l’opportunité de rejoindre Monoprix en 2009 pour m’occuper de catégories d’épicerie, notamment le bio, puis prendre en charge l’univers des produits laitiers et surgelés. Grâce à la forte culture innovation et client de l’enseigne, nous avons pu accompagner le lancement de belles marques comme Michel & Augustin, innover sur la marque Monoprix Gourmet, initier dès 2013 la suppression des œufs de poules élevées en cage ou engager un partenariat avec Thiriet sur les surgelés.

J’ai rejoint ensuite le groupe Carrefour pour m’occuper de l’offre et animation commerciale de Ooshop.com (devenu depuis carrefourlivréchezvous.com), site de courses livrées à domicile. Cela m’a permis d’appréhender les nombreuses problématiques du e-commerce alimentaire et aussi de participer au lancement d’une offre de paniers à cuisiner.

C’est fort de ces expériences que j’ai lancé les paniers à cuisiner « Julienne » sur un stand au marché du Pré Saint-Gervais (93) en janvier 2019 (où nous sommes toujours présents chaque samedi matin). A la différence des acteurs historiques comme QuiToque, nous misons sur une offre sans abonnement et disponible principalement dans des lieux de flux, même si cela nous restreint au démarrage sur notre déploiement géographique.

Chaque semaine nous proposons 6 recettes à nos clients, avec une offre variée et renouvelée, pour donner envie de cuisiner plus souvent, de mieux manger tout en limitant le gaspillage alimentaire. Nous sélectionnons tous nos ingrédients (viande, poisson, légumes, féculents, épices…) pour garantir la meilleure qualité produits.

Nous avons élargi notre distribution auprès de salariés en entreprise, mais le COVID est passé par là. En parallèle, nos paniers sont disponibles dans des magasins Casino et Monoprix depuis quelques mois, avec d’excellents résultats commerciaux et surtout des retours clients très favorables. Pour 2021, nous prévoyons une accélération de notre développement commercial avec une bonne maitrise désormais de notre offre et de la gestion.

Selon vous, quels sont les futurs acteurs de l’innovation alimentaire en France ?

Je crois beaucoup à des acteurs qui proposent à la fois des produits de qualité et une valeur de service.

Pour exemple, je pense à Omie, jeune marque de produits d’épicerie, 100% transparente sur les origines et la rémunération des producteurs, qui livre directement à domicile avec des tournées logistiques optimisées. D’autres marques répondent à ces promesses de qualité et service, comme Carrés Futés, Max de Génie ou Greendoz, avec des solutions prêtes à cuisiner sur une base d’ingrédients sélectionnés.

Bref, il y a de la place pour tous les acteurs qui proposent une valeur ajoutée en phase avec les attentes de transparence, de produits sains, gourmands, sans oublier un prix raisonnable. L’offre est tellement concurrentielle en alimentaire que le prix est rapidement un frein à l’achat, même dans des zones urbaines avec un pouvoir d’achat élevé.

Quels sont les facteurs clés de réussite d’une entreprise comme la vôtre ?

Pour Julienne, l’ enjeu principal est d’avoir une offre renouvelée avec des recettes délicieuses pour fidéliser la clientèle. Nous nous adressons au cœur du repas et devons comme un restaurant renouveler régulièrement notre carte. Cela implique une maitrise de nos approvisionnements associée à bonne compréhension des attentes de nos clients, et une excellente gestion opérationnelle : s’il manque 1 seul produit dans notre panier, l’expérience client est désastreuse.

Par ailleurs, il y a aussi le facteur temps. Sur l’alimentaire, difficile d’arriver avec une offre ou une marque face à de gros acteurs qui ont des moyens financiers considérables notamment pour communiquer. En magasin, le consommateur a le choix parmi des milliers de produits, c’est déjà une chance qu’il mette notre produit dans son panier de courses. Aussi, nous avons besoin de temps pour installer l’offre, et nous sommes très reconnaissants de nos distributeurs partenaires qui nous font confiance dans la durée.

Pour faciliter ce facteur temps, nous cherchons justement des investisseurs prêts à accompagner notre développement, avec la structuration d’une équipe opérationnelle et des moyens pour communiquer plus fortement online et offline. A bon entendeur 😉

Quels conseils donneriez-vous aux consommateurs français pour leur alimentation ?

Avant tout de se faire plaisir tout en s’informant sur ce qu’on mange. On culpabilise beaucoup les consommateurs sur ce qu’ils devraient manger ou non, libre à eux de choisir en connaissance de cause. A nous de mieux les informer sans les stigmatiser. Mais j’ai l’impression qu’on est sur la bonne voie avec des initiatives qui rendent l’information plus transparente.

Je serais ravi d’ailleurs que cette information passe au travers de l’éducation nationale. L’éducation à l’alimentation est une base solide pour et choisir plus tard les meilleurs produits pour sa consommation et être en meilleure santé.

Plus d’informations sur www.chezjulienne.com

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