Actualité agro-alimentaire

Quel sera l’impact du confinement sur nos choix alimentaires ?

De nouveaux comportements alimentaires se sont mis en place durant le confinement …

Cette période de confinement a bousculé nos habitudes et comportements alimentaires. Si 24% de Français déclarent grignoter plus souvent (Arcane Research 4/20), pour la majorité, de nouvelles routines intéressantes se sont installées, contraintes par la limitation des sorties et activités.

Tout d’abord, nous avons dû repenser nos actes d’achat en les planifiant davantage et en voyant plus loin que la journée et le repas suivant. Une occasion pour les Français d’équilibrer leur alimentation sur le plus long terme en insérant davantage de variété sur la semaine.

Selon l’enquête Manger au temps du coronavirus menée par le CNRS, les Français consomment effectivement plus de produits frais et plus de produits locaux (pour 12% d’entre eux, ils consomment plus de fruits et légumes frais – étude Arcane Research).

Par ailleurs, ils s’adonnent davantage à la cuisine maison, qui est devenu un moyen de passer du temps et une véritable activité au sein des journées confinées. Selon Kantar, un tiers des ménages disent avoir passé plus de temps à cuisiner et 21% cuisinent en famille.

Enfin, le moment du repas est devenu une vraie pause et est redevenu un vrai temps fort de partage de la journée.

On prend le temps de manger, de se réunir et de renouer avec les échanges familiaux.

Ce confinement nous a amenés à renouer avec les rituels du repas, chers à notre culture française. Il nous a permis d’en apprécier pleinement le plaisir.

La bonne nouvelle, est que chez Président, avec l’agence Atlantic Santé, nous avons réussi à étayer scientifiquement, que ces « rituels du repas » sont essentiels pour manger mieux. (source : monographie Président : Pour Manger Mieux , et si nous regardions plus loin que notre assiette ?).

Cette pause donne un rythme à nos journées, a un véritable impact santé en prévenant l’apparition du surpoids. En effet, plus on prend le temps de manger plus on ressent les signaux de satiété que nous procure le repas. Ce temps de pause et de partage permet de nous connecter à nos sensations parfois mises de côté.

Comment expliquer ces changements si rapides de choix alimentaires ?

Pour le comprendre, Albert Moukheiber nous éclaire sur les facteurs de décisions qui fondent les choix alimentaires et qui ont fait adopter ces nouvelles routines

Tout d’abord, les normes sociales, installées notamment au travers des réseaux sociaux :
« On reproduit ce que font les autres, on se conforme. On fait plus confiance à nos liens sociaux qu’aux experts. Nous sommes très sensibles à l’information sociale or les pressions sociales et les injonctions peuvent entrainer des sentiments d’exclusion. »

Actuellement on observe sur les réseaux sociaux une recrudescence des contenus DIY et bien-être mis en place par les influenceurs pour conserver leur communauté et avec un impact important sur l’engagement : + 61% selon Kantar. De la même façon, chaque soir 2 millions de spectateurs assistent et cuisinent en direct avec Cyril Lignac.

Ces nouveaux flux d’informations semblent avoir un impact direct sur nos comportements et les chiffres le montrent, selon Kantar 27% des ménages ont cuisiné des plats qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire auparavant. Une belle occasion pour transmettre des connaissances culinaires entre les générations et acquérir de nouvelles compétences pour la suite.

La preuve, selon le neuroscientifique Albert Moukheiber, on n’a jamais autant envoyé des photos de nos plats préparés maisons à nos proches. L’alimentation est devenue le sujet de conversation numéro 1, talonné de près par le sport et le sujet des masques.

Les comportements peuvent aussi être modifiés sous l’impulsion de la nouveauté
« C’est également un critère de choix prédominant dans l’acte alimentaire, c’est notamment le cas pour les régimes à la mode qui vont nous influencer. »  Là c’est la situation même de confinement qui s’est imposée en donne nouvelle, laissant la porte ouverte à de nouvelles routines et de nouveaux comportements.

Enfin, sûrement le contexte a également joué son rôle
Selon Albert Moukheiber, « La façon dont on présente l’information dans son contexte et l’offre existante ont de réels impacts. » Le contexte anxiogène vis-à-vis de la santé a amené une majorité des Français à questionner leurs comportements et choix alimentaires pour manger mieux et ainsi contribuer à préserver leur chère santé.  Ainsi, les produits bios ont vu une hausse de la demande. Le panier moyen bio a augmenté de 48% selon Nielsen. Selon Albert Moukheiber, nos repères alimentaires ont totalement été bousculés avec la disparition de l’offre habituelle : le restaurant du quartier, la cantine des enfants ou encore la peur de se faire livrer à domicile. Ce bousculement d’offre expliquant la recrudescence de la cuisine maison.

Mais ces comportements qui s’installent sont-ils durables ? Comment faire en sorte qu’ils soient gardés après le confinement ?

Pour Albert Moukheiber, un dernier facteur important pour déterminer les choix alimentaires est l’habitude.
Selon lui, Il faut du temps pour qu’une nouvelle habitude s’installe. La soixantaine de jours de confinement strict ne sera sûrement pas suffisante pour que ces nouvelles habitudes de consommation perdurent dans leur totalité.

En revanche il est fort probable qu’à l’issue du confinement nous conservions certaines d’entre elles comme par exemple le fait de davantage cuisiner le week-end par exemple. Nous referons certains plats que nous avons découverts et appréciés lors du confinement. En parallèle, nous prendrons plaisir à profiter de nouveau d’activités sociales comme se rendre au restaurant.

Selon Philippe Moati, cofondateur de l’Obsoco à l’origine de l’étude « COVID-19 : « Le Jour d’après », il est très probable d’observer une fracture sociale et un clivage dans la construction des choix alimentaires.

D’un côté, pour une première partie de la population, la crise du Covid-19 a accentué la dynamique du « moins mais mieux ». Ce sont ces personnes qui se sont dirigées vers les commerces de proximité ou le locavorisme et il est fort probable que ces habitudes perdurent post confinement.

La situation actuelle est une sorte de déclencheur justifiant des choix alimentaires plus responsables pour la santé, l’environnement ou l’économie et confortant les tendances alimentaires que l’on observait déjà depuis 2019.

À contrario, pour une autre partie de la population, celle pour qui la crise a eu plus d’impact économique avec une perte de pouvoir d’achat, le Covid-19 est à l’origine d’une frustration.

Cette population attend la fin du confinement pour retrouver sa vie d’avant et ses habitudes d’achats via une forte envie de consommation. Ce souhait de se rattraper post confinement alors que le pouvoir d’achat restera impacté pourra être à l’origine d’une grande frustration.

Il sera essentiel de les accompagner pour conserver ces bonnes habitudes prises autour de la table.

Il faudra œuvrer à introduire naturellement ces rituels réinventés en nouvelle norme sociale collective, source de plaisir pour tous et finalement accessible.

SIGNATAIRES

Nathalie Hutter-Lardeau
Nutritionniste CEO Atlantic Santé Delibento et WoMup hl-network.com

Gwenaëlle Lettermann
Directrice Marketing Lactalis Fromages
Marques Président, Galbani, Chaussée aux moines

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