Interview

Interview d’Aurélie D’Hulst « maman fondatrice » de Sienna & Friends

Aurélie D’Hulst, fondatrice de Sienna & Friends, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre société ?

Depuis toute petite, j’ai toujours été passionnée par la cuisine et la découverte de nouvelles saveurs.

Ce n’est pas par hasard si j’ai travaillé pendant ces 10 dernières années dans l’industrie des herbes et épices. Pendant cette période, j’ai non seulement appris beaucoup de choses à propos des herbes et des épices mais j’en suis aussi tombée amoureuse.

Leur caractère aventureux ainsi que leurs bénéfices multiples et variés n’ont jamais cessé de me surprendre ni de m’impressionner. Donc, quand je suis devenue maman, c’était tout naturel pour moi de cuisiner des petits plats maison savoureux, sains avec des herbes et des épices et beaucoup d’autres bonnes choses.

Petit à petit, mes petits garçons ont développé un palais très aventureux et ils préfèrent désormais une alimentation complexe et mélangée plutôt que des saveurs fades et simples. Cependant j’étais assez surprise par les réactions de la plupart de mes amies mamans. Il y a beaucoup d’idées reçues sur ce que nous pouvons et ne pouvons pas donner à manger à nos enfants.

Étant donné que je comprenais le challenge auquel les parents faisaient face dans leurs aventures culinaires, je me suis dit que je pouvais aider…

Je peux vous assurer que les raisons pour lesquelles nous continuons à donner de la nourriture fade à nos enfants ne sont en aucun cas basées sur la science ou la recherche.

Au contraire, c’est une bonne chose pour les bébés que de mimer les aventures culinaires des adultes. Plus je lis et plus j’ai la confirmation de l’importance d’introduire le plus d’aliments et de saveurs possibles avant qu’un enfant n’atteigne l’âge de 2 ans (cela s’appelle l’âge d’or gastronomique du bébé).

C’est à ce moment qu’il est le plus réceptif aux nouveaux goûts. Chaque aliment qu’un bébé va apprendre à aimer à cet âge sera probablement aimé pour toute sa vie. Ce qui l’aidera à faire de bons choix alimentaires plus tard.

Selon vous, quels sont les futurs acteurs de l’innovation alimentaire en France ?

Mieux vaut prévenir que guérir ! Je pense que cet ancien adage définira de plus en plus l’innovation alimentaire. Nous sentons qu’il y a réellement une prise de conscience et un changement des mentalités sur l’approche que nous avons par rapport à l’alimentation. Savez-vous que d’ici 2025, 75% des personnes actives seront issues de la « génération Y » (personnes nées entre 1980 et 2000) !

Cette génération est née dans un monde changeant et considère la santé mentale et physique comme une importante priorité au centre de ses préoccupations. Aussi bien les agriculteurs que les décideurs politiques ou les entrepreneurs de demain feront partie de cette génération qui a envie de voir les choses changer.

Je pense que le trop industriel et le phénomène du « sucre, gras et sel » sont amenés à être remplacés par des produits plus respectueux de la nature, de la santé et des différents acteurs de la chaine alimentaire comme les producteurs.

Un retour à une alimentation plus saine et à des vrais goûts. Une alimentation « préventive » ou « active » qui permettra d’éviter un grand nombre de maladies et de symptômes plutôt qu’une alimentation destructive telle que bien trop présente aujourd’hui dans nos assiettes et responsable d’un décès sur cinq dans le monde (plus grande cause de mortalité).

Comprendre la « magie » des ingrédients et la force de la nature sera au centre de l’innovation et ferra, je l’espère, partie de l’assiette de presque tout le monde, à chaque repas !

Je pense qu’aujourd’hui il est possible à la fois d’avoir une alimentation saine mais qui est aussi gouteuse. C’est d’ailleurs un des principes de Sienna & Friends !  Il ne faut pas sacrifier ou l’un ou l’autre. Et les bébés non plus ne devraient pas le faire.

Les politiques aussi auront un rôle important à jouer dans le futur de l’innovation alimentaire. Pourquoi ne pas taxer la malbouffe qui coute extrêmement cher aux états chaque année ? Les soins de santé, dont une grande partie découle de cette malbouffe, représentent près de 10% du PIB en France. Il faut plus aider les agriculteurs, éleveurs, producteurs et autres acteurs. Il faudrait qu’un choix d’alimentation saine coute moins cher au consommateur final qu’un fast-food. C’est un non-sens que ce soit aujourd’hui le contraire.

Les entreprises et l’ensemble des acteurs n’auront d’autres choix que de tenir compte du changement des mentalités.

Quels sont les facteurs clés de réussite d’une entreprise comme la vôtre ?

Être à l’écoute du client final et comprendre ses besoins et ses difficultés !

Nous avons interrogé près de 400 parents. Seulement 5% des parents se disent satisfait de l’offre actuelle en magasins en nourriture infantile. Pourtant les industriels et autres acteurs continuent à sortir le même type de produits.

Ils réinventent juste les recettes mais sans répondre réellement aux changements de mentalités et à la demande de leurs clients. Ce n’est pas pour rien que les ventes de nourritures infantiles sont fortement en déclin en France et dans la majeure partie de l’Europe.  Il faut savoir innover même si cela comporte des risques importants et demande un travail conséquent de communication envers les consommateurs.

Il est aussi très important d’avoir un niveau d’exigences très élevé et d’être très bien entouré. Nous savons que les parents ne veulent rien d’autre que le meilleur pour leurs enfants. Il faut donc pouvoir répondre à leurs attentes, pouvoir les rassurer et ne pas les décevoir. La qualité et le goût des produits sont des sujets dans lesquels nous investissons énormément d’énergie.

A titre personnel, quelle autre innovation alimentaire auriez-vous aimé inventer ?

Lancer une gamme d’exhausteurs de goûts naturels. Afin de diminuer la consommation de sel, afin d’éviter que le palais ne s’habitue à des goûts trop salés ou trop uniformes et afin d’éviter le phénomène de dépendance par rapport à ces goûts.

Le gomasio, les algues marines, le sésame, le sumac, l’ail sont tous des ingrédients qui sont encore trop peu connus et/ou utilisés dans la cuisine occidentale. Ils sont non seulement bon pour la santé mais aussi d’excellents substituts aux sels.

Ce sont des goûts naturels, biens plus intéressants et biens plus nuancés que certains goûts simple comme le « salé ». Notre palais est similaire aux couleurs. A l’exception du sel et du sucre, l’ensemble des goûts que nous rencontrons sont des mélanges de goûts.

Au plus tôt nous sommes exposés à ces milliers de combinaisons de saveurs au mieux. Les saveurs extrêmement pures (qui ne sont pas des mélanges), telles que le sucre et le sel, sont très peu communes dans la nature et anormalement puissantes, provocant presque des dépendances.

Plus d’informations sur Sienna & Friends.

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