Actualité agro-alimentaire

Interview de Nathalie Hutter-Lardeau, Fondatrice et Directrice de ATLANTIC SANTE

Nathalie Hutter-Lardeau, Fondatrice et Directrice de ATLANTIC SANTE, quel est votre point de vue sur la crise du Covid ?

La France, et même le Monde, ont été mis à genoux par la pandémie du Covid-19, impliquant d’instaurer un confinement de la population pour enrayer le virus. Une longue période de repli et de privation, indéniablement nécessaire. Notre rythme de vie, nos manières de consommer, de manger, de vivre, de travailler ont été bousculés ! L’enjeu est de taille.

Quelles sont les conséquences du confinement sur la filière alimentaire ? Que conservera-t-on de cette période inédite ? Quelles bonnes habitudes pourrait-on pérenniser ou réajuster ? Quelles sont celles qui ont des bénéfices pour l’individu ? Pour la planète ? Pour l’économie ?

Voici trois manières positives d’appréhender le « déconfinement » en préservant les bénéfices des bonnes habitudes que nous avons dues adopter, un peu contraint et forcés.

Replacer l’alimentation au cœur de notre santé

En cette terrible période, les injonctions sont nombreuses. Et notre alimentation n’échappe pas aux mises en garde, tant notre balance énergétique est particulièrement menacée !

Entre les allers-retours incessants dans les placards ou au frigo pour tromper l’ennui ou le stress, la réduction de l’activité physique, l’immobilisation forcée… C’était prévisible : durant le confinement, nombre de Français ont modifié leurs habitudes alimentaires ou ont pris du poids. En moyenne, ils ont pris 2,5 kg depuis le 27 mars, selon une enquête de l’Ifop pour le site Darwin Nutrition.

Cette période de confinement a ainsi bousculé les comportements. Dans le même temps, cette situation inédite a révélé un avide besoin salvateur de bouger et de se dépenser. Et de nouvelles routines intéressantes se sont installées, contraintes par la limitation des sorties et activités. Aujourd’hui, l’intérêt de remettre son alimentation au cœur de la santé devient une prise de conscience.

D’autant que le surpoids et l’obésité ont été un facteur aggravant de l’infection au Covid1-9. Selon les premières données d’un registre national, 83 % des patients en réanimation sont en surpoids.

Au-delà des considérations esthétiques, le surpoids constitue une fragilité qu’il convient de prendre davantage en considération. L’apprentissage de l’équilibre alimentaire en phase avec une activité physique adaptée doit devenir une priorité pour lutter contre les décès prématurés, améliorer l’espérance de vie en bonne santé et éviter les pathologies associées telles que l’hypertension, le diabète les maladies cardio-vasculaires et même certains cancers.

D’après Thibaut de Saint Pol, sociologue à l’Observatoire Sociologique du changement, « en France, manger est une activité jugée aussi agréable que de lire ou d’écouter de la musique, en particulier si le repas est partagé, ce qui est très différent par exemple des pays anglo-saxons. Au-delà du plaisir d’être ensemble, le repas est un lieu d’échanges et de transmission, notamment auprès des enfants. Mais manger ensemble est aussi un moyen de régulation et de contrôle : ce qu’on mange, la quantité et comment est influencé par le contexte social du repas et avec qui on mange, ce qui a des conséquences sociales, mais aussi en termes de santé. »

Cuisiner à la maison, un plaisir retrouvé

Parmi les bonnes habitudes constatées durant ces dernières semaines, le plaisir retrouvé de cuisiner. Nos repas étant venus rythmer notre quotidien confiné.

De nouvelles pratiques se sont installées dans nos cuisines, autour de nos tables, et même à travers nos écrans, à l’instar des « aperoskype » ou des recettes en live du chef Cyril Lignac, sur la chaîne M6. La cuisine a même pris des allures d’activité distrayante voire de défi à relever pour composer avec les goûts de chaque membre de la famille.

Selon YouGov, 61 % des Français affirment être retournés aux fourneaux depuis le début du confinement. L’activité s’avère même être un temps d’apprentissage, de partage et de transmission.

Pour Albert Moukheiber, docteur en neurosciences, « la soixantaine de jours de confinement strict ne sera sûrement pas suffisante pour que ces nouvelles habitudes de consommation perdurent dans leur totalité. En revanche, il est fort probable qu’à l’issue du confinement nous conservions certaines d’entre elles comme le fait de cuisiner davantage le week-end. Nous cuisinerons de nouveaux certains plats, découverts et appréciés lors du confinement.»

Découvrir la variété des aliments au plus près de chez soi

Durant le confinement, accéder à des produits d’alimentation est devenu une préoccupation majeure.

Un acte qui était considéré jusque-là comme un acquis. L’alimentation est devenue un des motifs de déplacement de première nécessité et sa chaîne d’approvisionnement essentielle au bon fonctionnement du pays.

Cette soudaine distance avec nos lieux d’approvisionnement habituels a conduit à repenser notre alimentation, à réfléchir nos menus, à distinguer l’indispensable du superflu.

Cette période si particulière, nous demande de construire notre alimentation sur la semaine pour optimiser nos approvisionnements et limiter nos déplacements. Une occasion unique de tenter de planifier son équilibre alimentaire dans la durée en y insérant plus de variété.

C’est d’ailleurs dans ce sens que vont les Français : 43 % des Français achèteraient davantage de fruits et légumes depuis le confinement, selon une enquête de l’institut YouGov pour L’Obs.

« La pandémie du Covid-19 entraînera indéniablement une remise en question de nos rapports à l’alimentation : qualité, variété, provenance, distribution » insiste Caroline Nobilé-Inswip consultante et coach pour Atlantic Santé.

Cette nouvelle donne rebattra les cartes.

Elle incitera à travailler irrémédiablement sur l’optimisation des produits, avec une transparence accrue sur la liste des ingrédients, leur provenance, selon une communication et une information efficace.

Elle appelle à démocratiser des menus équilibrés, faisant la part belle à une consommation plus locale, variée et anti-gaspi et c’est clairement aussi meilleur pour notre planète.

Plus d’informations sur www.hl-network.com

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